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En voici trois :
Schopenhauer
Roger-Pol Droit, sous le titre “Bonne humeur suffit à tout”, dans “Le Monde des livres” du vendredi 2 février 2001 présente et commente avec un humour délicieux l’édition de “L’art d’être heureux à travers cinquante règles de vie” d’Arthur Schopenhauer, édité et présenté par Franco Volpi, traduit de l’allemand par Jean-Louis Schleqel aux éditions du Seuil.Voici le début de l’article de Roger-Pol Droit avec les citations de Schopenhauer.
À un homme qui a écrit « une vie heureuse est une contradiction dans les termes » on n’imaginerait pas demander des conseils pratiques pour construire son bonheur. Oser parler de bonheur à Schopenhauer aurait même paru, au premier regard, plus ou moins inconvenant. Il a multiplié à son propos formules assassines et affirmations sans nuances, On n’a que l’embarras du choix. Par exemple : « Par nature, la vie n’admet point de félicité vraie, elle est foncièrement une souffrance aux aspects divers, un état de malheur radical. » Et ce malheur est véritablement interminable : « Les efforts sans trêve pour bannir la souffrance n’ont autres résultats que d’en changer la figure. » Ce n’est pas un hasard si ce philosophe est l’inventeur du terme “pessimisme” et l’auteur de ce constat fantastique : « Aujourd’hui est mauvais, et chaque jour sera plus mauvais – jusqu’à ce que le pire arrive. »
Pessoa
Fernando Pessoa dans ``L’intranquillité'' traduit par Françoise Laye, paru aux éditions Christian Bourgois.page 34 : [...] « Je sais bien qu’il est aisé d’élaborer une théorie de la fluidité des choses et des âmes, de percevoir que nous sommes un écoulement intérieur de vie, d’imaginer que ce que nous sommes représente une grande quantité, que nous passons par nous-mêmes, et que nous avons été nombreux... Mais il y a autre chose ici que ce simple écoulement de notre personnalité entre ses propres rives : il y a l’autre, l’autre absolu, un être étranger qui m’a appartenu. Que j’aie perdu, avec l’âge, l’imagination, l’émotion, un certain type d’intelligence, un certain mode des sentiments - cela, tout en me peinant, ne me surprendrait guère. Mais à quoi est-ce que j’assiste lorsque, me relisant, je crois lire un inconnu, venu d’ailleurs ? Au bord de quelle eau suis-je donc, si je me vois au fond? »
« Il m’arrive aussi de retrouver des passages que je ne me souviens pas d’avoir écrits - ce qui n’est pas pour surprendre - mais que je ne me souviens même pas d’avoir pu écrire - ce qui m’épouvante. Certaines phrases appartiennent à une autre mentalité.
C’est comme si je retrouvais une vieille photo, de moi sans aucun doute, avec une taille différente, des traits inconnus - mais indiscutablement de moi, épouvantablement moi. »
page 47 : [...]« La lassitude de toutes les illusions, et de tout ce qu’elles comportent - la perte de ces mêmes illusions, l’inutilité de les avoir, l’avant-lassitude de devoir les avoir pour les perdre ensuite, la blessure qu’on garde de les avoir eues, la honte intellectuelle d’en avoir eu tout en sachant que telle serait leur fin. »
Li Qingzhao
Traduit par Camille Loivier dans “Le nouveau recueil” n◦72 de Septembre-Novembre 2004.
Brume légère, nuages lourds assombrissent l’interminable jour
le bâton de camphre dans l’animal d’or brûle encore
la fête du Double-Neuf est déjà de retour
sur l’oreiller de jade derrière le paravent de soie
le milieu de la nuit m’apporte enfin un peu de fraîcheur
à la palissade de l’est je lève ma coupe de vin le crépuscule s’éteint
un parfum sourd pénètre ma manche
rien ne dit que je n’en perdrais pas l’esprit
le store s’enroule autour du vent d’ouest
ma vie plus maigre qu’un pétale de chrysanthème.